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La décision du GFL sur la Papouasie occidentale est mal fondée.

Lettre ouverte de Victor Yeimo, président du Comité national de Papouasie occidentale (KNPB) aux dirigeants du Groupe mélanésien Fer de Lance (GFL)

Le 27 juin 2014

Chers Dirigeants du Groupe mélanésien Fer de Lance (GFL), 
Je vous écris au nom du peuple de la Papouasie occidentale; je me retrouve aujourd’hui derrière les barreaux de la prison d’Abépura, incarcéré pour avoir mené une manifestation entièrement pacifique pour soutenir la candidature de la Papouasie occidentale pour accéder au Groupe Fer de lance mélanésien.

Je viens de lire le communiqué du GFL concernant la décision que vous avez signée le 26 juin 2014 à Port Moresby. Et je ressens une douleur, non pas à cause de la décision, mais parce que je me trouve impuissant face à la puissance coloniale indonésienne. Je n’ai certes pas d’argent, comme les Indonésiens vous en ont peut-être déjà remis ou bien promis. Et c’est là que je me rends compte que les larmes, le sang et toute la douleur, tout cela n’a pas pu vous acheter, mais l’argent y est parvenu. J’avais oublié que mon pays avait jadis été nommé le «pays oublié».

Cela fait un demi-siècle que le monde n’a pas compris, ou bien a prétendu ne pas comprendre la vraie volonté du peuple de la Papouasie occidentale. Nous avions cru que vous, nos frères et sœurs, l’auriez mieux compris. Mais en lisant le communiqué il semble que vous avez été pris au piège par la politique et la stratégie coloniales indonésiennes. Et j’ose même penser que vous seriez peut-être en train d’utiliser la problématique de la Papouasie occidentale en Mélanésie pour renforcer votre intérêt avec l’Indonésie.

Si vous regardez de près l’histoire de la souffrance du peuple papou de Papouasie occidentale, alors vous trouverez que jamais mon peuple n’a pleuré et n’a voulu mourir pour de la nourriture ou pour de la boisson. Nous sommes riches. Vous trouverez que des milliers de personnes sont mortes sur cette terre pour une unique raison : la quête pour la reconnaissance de leur droit à l’autodétermination.

Si vous vous étiez rendus en Papouasie occidentale alors jamais vous n’auriez vu de personnes manifester pour plus d’autonomie, ou d’autres, soi-disant, mesures de prospérité sous la domination indonésienne. Je suis en prison ; et avec moi, en prison il y a presque une centaine de personnes qui se battent pour notre droit à l’autodétermination. Pour nous, il vaut mieux être pauvre sans les Indonésiens que d’être riche sous le joug colonial indonésien, chose qui mènera à notre disparition certaine.

Notre esprit mélanésien est fort, et c’est ce même esprit, doté de cette même force qui est à la base du soutien des peuples de la Papouasie-Nouvelle Guinée, du Vanuatu, de Kanaky, des Iles Fidji et des Iles Salomon, ces peuples frères qui se tiendront à nos côtés pour que les habitants de nos îles mélanésiennes soient libérés de l’influence capitaliste et colonialiste.

Je suis profondément convaincu que notre cri pour la liberté parviendra à pénétrer les veines de nos frères mélanésiens pour devenir leur cri, et qu’ainsi nous pourrons être accueillis au sein de la famille mélanésienne, sans avoir à demander la permission ou à consulter l’Indonésie : la région de la Mélanésie n’appartient pas à l’Indonésie, jusqu’à preuve du contraire.

Un Peuple, Une Ame / One People One Soul
Mélanésien pour toujours.

Je vous remercie et je vous prie d’agréer mes salutations distinguées.
Victor Yeimo, président du Comité national de Papouasie occidentale (KNPB)
www.knpbnews.com
frontpepera@yahoo.co.id
http://knpbnews.com/?p=4349

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